lundi 1 août 2011

Le salon de thé de la boulangerie chinoise


Un dimanche matin, au retour d'une nuit blanche. Je sais très bien que chez moi les placards sont vides. Pas de café, pas de thé, pas de pain. Pas de femme qui attend pour me demander des comptes (parce qu'elle m'aime, évidemment). Je me dis ça, je souris. Et je m'arrête à la sortie du métro, à ma boulangerie chinoise préférée. Le carillon y annonce les clients, même ceux d'à peine un mètre de haut dont Mme Li n'aperçoit que le sommet du crâne lorsqu'ils se collent à la vitrine de bonbecs. C'est un autre carillon qui sonne dans son français, à ce petit bout de femme de Shanghaï lorsqu'elle lance son bonjour d'un sourire lumineux.

Nihao ! Xièxie !


Un temps je m'étais mis en tête d'apprendre le chinois. Oh, ça n'a pas duré longtemps. Mais enfin, c'est là, au salon de thé que j'avais étrenné mes premiers “nihao” (bonjour) et “xièxie” (merci) qui la faisaient beaucoup rire.
Leurs enfants aussi apprennent le chinois. Tous les samedis après-midi ils vont à Bonmaure suivre les cours privés pour les enfants de la communauté. Après-tout ils jouent déjà le rôle d'interprètes pour leurs parents.

Cette lubie passagère, de me frotter à cette langue où le chant se mêle des mots eux-mêmes, c'est elle qui me menait là pour acheter un mauvais croissant. Je faisais un peu la conversation. Trois mots sur la Chine. Sur ce film “I wish I knew” qui dépeint un Shanghai des années trente jusquà nos jours. Ils ne l'avaient pas vu. Je doute qu'ils mettent jamais les pieds dans une salle de ciné.



Pour se défendre


Je n'y vais plus si souvent chez les Li. J'aimais aussi me poser derrière la claie habillée de lierre en plastique, dans le petit coin salon. Pour récupérer d'une soirée d'abus, à coup de thé vert et de viennoiseries en toc. Avec en prime le spectacle des passagers souterrains qui émergent de la bouche ou s'y engouffrent. Oui, des croissants, pains au chocolats en papier et carton. Parce que bon, sans mentir, ça pèche un peu du côté du palais. Je ne suis pas sûr que ni monsieur ni madame ne consomment beaucoup de leur pain, viennoiseries et autres spécialités industrielles réchauffées dans l'arrière boutique. Peut-être les enfants, avec une moue polie ? Pour ne pas fâcher...

Mais vraiment est-ce que ça compte tant que ça ? Je crois bien qu'ils s'en fichent pas mal du goût de ce qu'ils vendent. Et bizarrement, je pardonne. On peut trouver ça moche c'est sûr, de venir de si loin pour regonfler de la pâte en plastoc au pays du pain. Et quoi ? Ils se défendent et c'est tout. Si demain ils devaient vendre des bouts de tissu, de la maroquinerie bon marché, de l'électronique ou des raviolis en caoutchouc, ils le feraient. Ou simplement des gros sacs de long ou de rond comme Zhou au Mini-Riz d'à côté -qui n'a pas fait long feu, ouvert seulement pendant deux mois-. Ils le feraient je crois, sans se poser plus de questions. Juste pour se défendre.

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