mercredi 3 août 2011

La sente Pergolèse : (1) une sortie dans l'hiver


Il faisait un froid sec sous un ciel clair de décembre. Arrivé là depuis deux mois seulement, j'osais enfin une sortie nocturne dans l'apesanteur de mon nouveau quartier ! A quoi ça pouvait bien ressembler, autour ? Du côté ouest du boulevard, le bourg qui commençait à être familier, avec son mélange de village et d'immeubles à locataires modérement riches. Et surtout, pour moi, les deux supermarchés, le Fran ou le Mono – prix. Non, la véritable terra incognita se situait du côté ouest, sur la colline qui plonge vers le Carreau.

J'avais empoigné mon cardigan noir décousu, enfilé uné écharpe, attrapé au passage la laisse du chien, cherché en vain la bestiole...suis-je bête ! Jamais je n'avais eu d'animal ! Tant pis, j'allais me sortir moi-même. De toutes façons j'en avais besoin. Sorti sur le boulevard, je prenais la rue perpendiculaire sur ma gauche.

La nappe pavillonnaire


Sur les trottoirs baignés des flaques jaunes gouttées des réverbères, je n'entends que mes pas qui font croustiller les graviers. Silence. Seule la vibration basse des nationales au sommet et en contrebas de la colline s'engouffre dans les rues abandonnées. Quelques bagnoles roulant au pas tâchent de se faire discrètes.

Je dessine dans le froid des fantômes de buée aussitôt évanouis. Très vite, en fait juste après le panneau annonçant la commune du Carreau, une ruelle étroite (piétonnière ?) et arborée s'enfonce au sein de la masse pavillonaire dans la direction de la pente. Dans la sente Pergolèse, les palissades ajourées semblent abriter les jardins de résidences secondaires. Pas un chat. Ou plutôt si, un seul, couleur caramel, appelé par son maître qui m'interpelle. Le type est un peu éméché. Il cherche l'autre, le noir et blanc, pour le peigner. Pas vu, désolé.

Noël au jardin


En poursuivant mon chemin je tombe sur une maison en bois, là où la venelle se fait un peu plus large. Des chaises en plastique blanc dorment couchées sur la table du jardin. Devant une autre bicoque, de plain-pied celle-ci, un canapé éventré et quelques chaises rouillées près du barbecue. On oublierait facilement qu'on se trouve en banlieue de P. On s'imaginerait volontiers que ces salons de jardin pvc attendent l'été et le retour des propriétaires dans leur villégiature.

Au moment où les arbres griffus se font moins denses, le champ de vision s'ouvre sur la nappe clignotante de la plaine du Carreau. A perte de vue, des loupiotes blanches et dorées font écho aux guirlandes électriques sur les toits des maisons, et juste au-dessus, à la voûte du planetarium de plein air. Eh mais c'est Noël ! Je scrute le ciel pendant quelques minutes...pas d'étoile filante. Une autre fois peut-être ?

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