mardi 9 août 2011

Le hackerspace : (1) première expédition dans la ZAC


On m'avait parlé de ces créatures. Etranges animaux dont les orbites luisent de diodes clignotantes. Des types pas lavés tous en t-shirts noirs trop grands. En cheveux longs et petites lunettes qui parlent en l33t (une langue de techos) et qui refont le monde en loussedé dans les réseaux cachés du regard du Big Brother. Frère geek ou nerd, on allait ce soir-là te dénicher dans ta tanière. Un squat où l'on bricole des PCs et des robots, au milieu d'une zone industrielle du pourtour Sud. Avec moi, j'avais entraîné deux lascars curieux de tout, un peu geekos eux-mêmes, étonnés de cette idée de soirée dans le no-man's land d'une zac de banlieue.

Des boulevards vides sous un ciel trop vaste


Au sortir de la gare de RER, il faut bien marcher un quart d'heure avant d'arriver au numéro indiqué. A cette heure, la zone industrielle est déjà vidée de ses acteurs. Les seules traces de vie se trouvent au Cool Kart et au PMU anonyme encore un peu plus loin, le troquet portugais du carrefour. On s'arrête cinq minutes au bar du karting, le temps de se laisser hypnotiser par quelques boucles du circuit, le nez collé à la vitre. Mais on n'est pas venu pour ça. Il faut qu'on s'aventure un peu plus vers les enclos industriels.

On longe des palissades interminables sur l'avenue désertée. Des forteresses appartenant à de grosses machines à fric, certaines cotées au CAC40. Notamment, le bastion grillagé, vidéo-sécurisé d'une entreprise pharmaceutique bien connue.

Voilà ce qu'on cherche : un entrepôt abandonné, un peu plus loin en suivant un chemin boueux.
Une radio crachouille de la musique et laisse filer un rai de lumière au travers de la première porte. Je m'avance et un barbu souriant vient vers moi une bouteille de bière à la main. J'aperçois derrière lui un canapé défoncé et tout un fatras de toiles et de papiers. C'est un atelier d'artiste. Et sans nous inviter à nous joindre à eux, il me conseille la porte à côté.

On pousse donc un peu plus loin, tâtonnant pour trouver la porte d'entrée du hackerspace. On la repère, en bas d'un escalier discret à la rambarde déglinguée. Personne. On se regarde. Il est un peu tôt encore. Je répète que je n'ai pas pu les joindre, les gaillards. Pas de réponse à mon e-mail leur demandant s'ils seraient là ce soir, comme tous les jeudi. On a un pack de binouzes à la main, alors je propose de poursuivre l'exploration en attendant. De faire le tour du bâtiment.

Les sabbaths secrets des codeurs


Derrière l'entrepôt, les herbes ont envahi le terrain vague. Une terrasse improbable faite d'un seul bloc de béton s'y élève légèrement au-dessus des palissades graffitées alentour. On remarque un barbecue mangé par la rouille. Il laisse deviner la possibilité de sabbaths insoupçonnés des gens du commun. De ceux qui ne mettent pas les pieds à l'extérieur du périph, comme de ceux qui, employés de la zone, sont rentrés chez eux à cette heure.

L'heure tourne et les bières roulent, pas un hacker en vue. On reviendra un autre jour...le train nous attend sous un ciel de traîne rougissant que l'objectif de T. attrape.

Clic. Reclic. Il ouvre les bras : “Eh mais c'est magnifique ! Regardez-moi tout cet...espace !”.

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