vendredi 5 août 2011

Le mystère des auberges coréennes: (2) le monde caché du matin calme

Vous ne les remarquerez sans doute pas, quand vous passerez égaré dans Bonmaure. Ces signes cabalistiques verts sur de petits panneaux blancs, disposés près de la sonnette ou plus rarement, peints sur les volets du garage. Ils sont discrets et indéchiffrables...visibles aux seuls initiés.


Ces signes-là sont des caractères coréens. Des signes auxquels l'oeil de l'habitant du Sud n'est certainement pas aussi habitué qu'à ceux des idéogrammes chinois, omniprésents depuis Chinatown et qui se raréfient lentement en s'éloignant de P. Ils indiquent la présence dans telle ou telle maison d'un gîte à destination de leurs compatriotes. Des touristes venant de la péninsule pour visiter la Pheu-lan-seu.

Et, non, ce ne sont pas les amicales communistes locales qui, en souvenir du temps des copains au petit père des peuples, hébergent des touristes de Pyongyang (la capitale de la Corée du Nord, exotique dictature stalinienne, à visiter rapidos). Pour commencer, on ne voit pas comment ils pourraient arriver jusqu'ici ceux-là, coincés qu'ils sont par l'étreinte aimante de Kim Jong Il – dans la famille Kim, je demande le fils-.


En réalité, d'après mon ami Mowgli, ce sont des associations liées aux églises évangélistes, très puissantes en Corée du Sud, qui gèrent ces auberges clandestines. A nos yeux.

D'après ce que j'en vois, beaucoup de ces sud-coréens sont...des sud-coréennes. Ou c'est peut-être moi qui filtre... Des étudiantes qu'on entend venir du coin d'une ruelle derrière un pavillon. Leurs valises à roulettes cuicuitent dans la côte à la recherche d'un de ces refuges discrets. Elles ont l'air inquiètes et pressées, les yeux rivés sur une feuille A4. Où elles déchiffrent le plan imprimé à Séoul et soigneusement protégé d'une pochette plastique.

Je souris à l'idée que dans quelques années, leur souvenir du voyage à P. sera associé à Bonmaure. Avec son fleuve de voitures et ses grues qui veillent au grain sur le troupeau de pavillons. Avec ses rues abandonnées dès huit heures du soir. Oui où même les kebabs hésitent à tirer le rideau dès la fin de l'après-midi. Avec son drive-in Mac Do à la française, pour se rattraper. Et surtout, surtout, avec ses matins calmes à l'écart de P....

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