jeudi 11 août 2011

La médiathèque Gorki


Flambant neuve toute en bois clair, elle fait l'angle avec le marché couvert. Sur la place, des travaux que je n'ai pas vu progresser d'un iota depuis mon arrivée. Seul changement depuis novembre dernier : des dessins et photos décrivant le futur radieux de l'endroit décorent les palissades. On est quoi, cinq ou six, à attendre l'ouverture de la médiathèque, assis sur le muret, dos aux tôles ondulées et face à la porte, une après-midi ensoleillée de la mi-juillet. Pendant ce temps, des sales gosses balancent mammouths et cobras qui explosent devant nous, avant de déguerpir sur leurs BMX. Les petits cons.

Luxe, calme et volupté


A quatorze heures trente, on ouvre. Passé une espèce de sas où s'affichent les animations du lieu, une porte automatique silencieuse vous laisse vous glisser par un portique dans un espace haut de plafond. Parmi les quelques visiteurs qui arrivent plus nombreux maintenant, plutôt du plus de trente ans, plutôt des femmes. Je me vois dans une autre vie ado à Bonmaure, prenant mes quartiers dans cette médiathèque lumineuse, où l'on vous accueille dans le calme, où l'on vous inscrit pour pas un rond et où les quota de livres, BD, CD, DVD me semblent plus généreux qu'ailleurs. Je flâne, j'observe un temps les employés s'affairer à trier, transvaser les ouvrages des bacs aux rayons, tapoter sur leurs claviers avec un calme de moine copiste. Je constate une ou deux minutes que le cliché de la documentaliste à lunettes fonctionne très bien sur moi. Ca ne laisse pas de m'étonner, comme je tombe facilement dans ces séductions prêtes à consommer. Surprise, la myope bat des cils par dessus ses verres. Alors je monte à l'étage.

Pyongyang


Là, je cherche en vain 'Pyongyang' de Guy Delisle dans les stocks fournis de BD. Si je me souviens de ce qu'on m'a raconté, c'est l'histoire d'un dessinateur français, en voyage en Corée du Nord pour son boulot. Car, paraît-il, on y fait faire le travail de petites mains pour les animations. Un coup d'oeil à la base bibliographique sur un des terminaux : non, ils n'ont pas. C'est là que je me souviens... Quelqu'une m'a dit qu'on pratiquait la censure dans le choix des bouquins à Bonmaure, à cause de la municipalité communiste. Des histoires tout ça.



Voilà le choix est fait, je redescends de la mezzanine vers le comptoir de prêt. J'y crois à peine : quelques coups de douchette sur les codes barre et je repars mon sac à dos plein de BD (notamment Klezmer de Johann Sfar), de DVD (Hou Hsiao Hsien, je découvre), de CD (Wu Tang Clan, sous l'influence de mon beau frère). Et avec ça un roman, un seul (que j'oublierai vite). Pas d'images : je me connais je risque de mettre des plombes à le lire, de ne jamais le rendre, de le perdre possiblement, de me faire ficher par les bibliothécaires. Qui pourrait vouloir ça ?

Quelle belle pêche quand même. Sur la place le soleil donne encore sur la ville vide. Sous mon crâne aussi, c'est vide, délicieusement vide. Je n'ai rien à faire, qu'à traverser cette place de village éventrée par les projets municipaux. Et peut-être me taper une bonne BD à l'ombre, comme si j'avais quinze ans. La bière fraîche en plus à la main. Quand d'un coup ça détale et ça crie. Et re : Bonmaure résonne sous les coups des pétards. A l'heure de la sieste !

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