dimanche 13 mars 2011

Des rondes celtes dans le casino bleu

Comment je les ai convaincus, je ne sais plus très bien. Mais ils sont venus ici, en orbite, un samedi soir. Deux amis, de formats très différents, en provenance du Disneyland central. Ils sont venus sans savoir vraiment de quoi il retourne : pour une “fête de nuit bretonne”. Autrement dit, un fest-noz. Bonmaure endormi va une fois de plus nous révéler une de ses gemmes.

Le coeur léger, nous descendons la colline de pavillons, dans une nuit d'hiver exceptionnellement douce. La ville est calme. Un unique promeneur de chiens nous rassure sur notre destination, puis enfin le premier panneau nous fait signe : “Fest Noz Bonmaure”.

Le casino bleu


En bas de la rue, penché sur le rond-point cerclé d'un trait de lumière ocre, une sorte de haut casino bleu : c'est là.

Les dames à la caisse s'embrouillent dans les calculs. Et puis on entre, on se dirige vers le vestiaire. Une affichette attrape mon oeil à la porte :c'est la liste des groupes qui mèneront la danse. Elle paraît longue quand même, je me rapproche, glisse des yeux jusqu'au bas de la page : le dernier groupe passe à cinq heures du matin.




Ca tourne!


Dans la grande salle, un couple de sonneurs démarre un andro. Les semelles chauffent. Pas pour décamper, mais pour tourner, de plus en plus vite. Les bras ou les auriculaires se tiennent et scandent la transe de la tribu. Je connais un peu leurs moeurs et j'encourage mes courageux compagnons à se faufiler entre deux bras, à se fondre dans la chaîne humaine.

Ils sont sauvages, certes. D'ailleurs on ne les remarque pas tout de suite, on les confond même avec des ordinaires, au beurre doux. Et puis, une odeur de crêpe, un nom biscornu: en voici un, puis un autre. Ils marient leurs femmes, leurs hommes, les mettent d'office au beurre salé. Ils sont sauvages et cependant il leur prend parfois d'entraîner dans leur cercle des antillais, des slaves, des auvergnats. Ils leur font tourner la tête à coup de cidre et de ronds de Saint Vincent.




Le capitaine Haddock


Très vite, à tourner, taper du pied, virevolter ou faire virevolter, on prend soif. Et faim. Là en bas, un bataillon de mamies a été réquisitionné pour l'occasion. Toute une rangée derrière leur galettières. Et pour faire glisser la beurre-sucre-sueur de mamie bretonne, du cidre. Brut. Dans un coin au bout de la rangée de crêpières, une bonne tête bourrue et à barbe blanche. Un capitaine assis, qui a pour unique fonction de lever le coude, remplir votre verre et surveiller patiemment la mousse qui redescend.

La Bretagne orbitale


Si ça vous prenait de tenter l'aventure, si vous savez laisser votre cerveau au vestiaire pour refiler les commandes à vos seuls bras et jambes...Alors laissez-les vous contaminer un jour, quelque part au voisinage de la Grande Capitale. Très vite, vous vous sentirez vous aussi membre de l'Ubuntu celte.
Yec'h mad!